NOTES DU COURS : SEMAINE 7 (mercredi 15 et vendredi 17 février 2017)
MERCREDI
- Un retour à la proto-BD médiévale + introduction à Marsupilami
- l’esprit belge : en marge, un petit pays qui passe la plupart de son histoire envahi en conquis par ses voisins, qui survit, souvent en utilisant la ruse ; le subterfuge et la subversion
- des héros anti-héros dans la littérature populaire médiévale à travers l’Europe (y compris la Belgique) qui seront souvent repris dans de nouvelles versions (souvent en littérature-jeunesse et en BD) : Renart, Till l’Espiègle (pour ce dernier, et son association aux mouvements nationalistes flamands en Belgique aux 19e et 20e s., voir aussi Charles De Coster et la version BD de Willy Vandersteen)
- Liens : une introduction au Roman de Renart et à l’allégorie médiévale : http://classes.bnf.fr/renart/
- un premier manuscrit médiéval (Bibliothèque nationale de France) (sans enluminures)
- un deuxième (BNF)
- un troisième (BNF)
- une vidéo plus longue : Alain Corbellari, “La Bande dessinée à la recherche du Moyen Âge : l’interférence des pratiques de la BD au codex médiéval” – Êcole nationale des chartes, le 23 novembre 2015
VENDREDI
- Franquin
- Le journal Spirou dont l’histoire sera fort intéressante et mouvementée, surtout pendant la Seconde guerre mondiale
– c’est le 3e volet (côté ?) de notre triangle classique de l’âge d’or de la BD franco-belge (Pilote, Tintin, Spirou)
– on y retrouvera entr’autres Les Schtroumps, Boule et Bill, Lucky Luke
– voir aussi : Spirou.com - Marsupilami
- La langue, les langues, la communication :
– un “houba” éloquent
– la queue du marsupilami comme moyen d’expression (et comme outil visuel et narratologique pour lier les cases) - L’amitié et les rapports entre espèces
– les animaux, surtout les chiens : Idéfix et Astérix, Milou et Tintin
[dans ce cours, les trois textes obligatoires au programme dans ce premier volet—les semaines 1 à 8— sont Astérix chez les Belges, Tintin au pays des Soviets, et Capturez un Marsupilami ; dans le deuxième volet du cours—les semaines 8 à 12—les étudiants auront la parole, pour présenter leur choix de BD canonique, cardinale, critique dans tous les sens]
– la communication et la compréhension (et l’incompréhension : les problèmes de langue… voir aussi les poblèmes linguistiques en Belgique, entre les communautés francophone et néerlandophone)
– la compassion (notre marsupilami et les oiseaux), l’amour, l’appréciation esthétique (les fleurs) : les valeurs “humaines” et “civilisées”
- La fable, les animaux, l’allégorie
– voir aussi les Fables d’Ésope et de La Fontaine
– et le Roman de Renart
– comme littérature didactique & les morales des histoires (et anti-morales, anti-anti-morales, etc. : voir p. ex. les p. 10, 31 ; surtout ce dernier)
– la critique des mœurs, de la vanité, de l’hypocrisie (p. ex. p. 19) - Un monde imaginaire, fantastique, en-dehors des références directes à notre époque (personnages, événements, etc.), mais ayant des rapports avec le nôtre
– version extrême (pour se protéger et pour protéger les lecteurs de la censure) : les fables, la littérature enfantine (ex. les Contes de Perrault), la science-fiction et l’imaginaire, ou un monde complètement imaginaire tel celui des Schtroumpfs
– on souligne souvent l’atemporalité en écrivant une littérature épisodique comprenant des histoires indépendantes (ex. Renart), ce qui rompt la séquence linéaire des épisodes qui ne se suivent plus dans une trame narrative continue, en ligne droite
– version intermédiare : du point de vue de l’autre : ex. Montesquieu, Lettres persanes (classique au programme – école et fac) et Françoise de Graffigny, Lettres d’une Péruvienne (voir FREN 221 [à UBC])
– version plus voisine de notre réalité : l’univers de Spirou et Fantasio, Gaston Lagaffe, et Marsupilami ; un village dont l’emplacement (une “traduction” entre mondes) serait sur la frontière franco-belge (et on vous rappelle un autre village en marge, celui d’Astérix)
- Tarzan et La Belle et la Bête à l’envers (Jeanne-Marie Leprince de Beaumont) :
– qui est la bête ?
– c’est qui le sauvage ?
– thèmes : la barbarie, la sauvagerie, l’humanité ; l’humain et/est l’animal (“la bête humaine”, pour citer Émile Zola)
– la nature (humaine, animale), l’état de nature, l’état sauvage (voir entr’autres Jean-Jacques Rousseau, Frantz Fanon) - la métamorphose et de l’anthropomorphisme seront remises en question dans “Capturer un Marsupilami”…
- … “Capturer un marsupilami” (p. 26-31) et la critique du colonialisme, du racisme, et de l’exploitation de l’environnement
- un Franquin humain et écologiste
– son commentaire sur les relations des colonisateurs européens (et autres) avec les peuples autochtones, de leur traitement, de leur perception en tant qu’êtres humains, des perceptions de la sauvagerie ; voir aussi : Claude Lévi-Strauss, Le Cru et le cuit (1964, 1e tome de ses Mythologiques), œuvre cardinal dans l’histoire de l’anthropologie (surtout française, et pour un public francophone)
– la propriété : peut-on et devrait-on posséder, capturer, apprivoiser, domestiquer, dresser … un marsupilami … ou en général ? - notez les dates :
– cet épisode est écrit et publié pour la première fois entre 1977 et 1981 (l’album sortant bien plus tard). À l’époque–et jusqu’à mon Bac en 1991–les manuels d’histoire à l’école parlaient toujours des “découvertes” du “nouveau monde”
– une date à ajouter : 1492 (oui, je l’ai mal écrite au tableau, ce n’est pas “1592”…) et Christophe Colomb
– un ouvrage à ajouter : 1491 : Nouvelles Révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb (Charles C. Mann, 2005 ; traduction française en 2007) - les références intertextuelles littéraires françaises ci-dessus :
– la plupart (et ce n’est qu’une petite sélection d’exemples) nous parviennent de l’Ancien régime (17e-18e s.) et du Médiéval (surtout des 12e-15e)—périodes d’absolutisme, une monarchie de droit divin—pendant lesquelles fleuriront l’allégorie, la fable, le conte, la satire
– ajoutons un dernier texte / lien intertextuel (de nouveau, un classique au programme à l’école) : Montaigne, “Des Cannibales”, Essais I.31 (16e s. ; FREN 220 [à UBC])
APPENDICE

(Paris, 2013)