Shakespeare, Histoires, T. I et II, Paris, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 2008, 1668p. et 1742 p. plus un arbre généalogique des souverains.
La Bibliothèque de La Pléiade poursuit l’édition des oeuvres complètes de Shakespeare, entreprise commencée en 2002. Après les deux volumes de Tragédies, voici les deux volumes d’Histoires, celles des rois (les trois parties d’Henry VI, La tragédie de Richard III, Vie et mort du roi Jean pour le premier volume; La tragédie du roi Richard, L’histoire d’Henry IV, la vie d’Henry V,La célèbre histoire de la vie du roi Henry VIII pour le second).En appendice les éditeurs ont enrichi chacun des volumes de deux pièces dont l’attribution continue d’être discutée (Le règne du roi Edouard III, présenté pour la première fois dans une édition française de Shakespeare, accompagné d’une importante notice, et Sir Thomas More déjà accessible en français).
Les maîtres d’oeuvre de cette édition sont Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet, entourés de toute une équipe dont Henri Suhamy. Leur parti pris, et c’est heureux, est d’une part le refus de moderniser les textes et pour garder les forces de la sonorité et de la scansion d’origine, de conserver les archaïsmes à chaque fois que cela s’impose; d’autre part d’éviter les panachages entre l’in folio de 1623 et les in quarto utilisés comme textes de base pour établir cette version, sauf quand cela est nécessaire au sens. La volonté des éditeurs est très clairement de revenir au texte le plus authentique.
Pour l’essentiel la traduction des Histoires est l’oeuvre de Jean-Michel Déprats. Non pas une traduction d’universitaire mais une traduction d’homme de théâtre, à l’image de Shakespeare lui-même, qui rend au texte sa luminosité, sa force poétique, sa richesse verbale et toute sa dynamique gestuelle (notons que pour traduire Le règne du roi Edouard III, J.M. Déprets s’est associé à un autre homme de théâtre, Jean-Pierre Vincent).
L’établissement des textes, leur présentation sont en grande partie dus à Gisèle Venet. Comme toujours dans cette collection les notices et l’appareil critique sont d’une immense richesse, ce qui est l’une des différences avec l’autre grande édition bilingue récente qui date de 1997, dirigée par Grivelet et Monsarrat, dans la collection Bouquins chez Robert Laffont.
Le lecteur et le chercheur disposent désormais de l’une des plus belles éditions, en France, de Shakespeare, instrument de travail certes, mais d’abord de pure jouissance.